Retour

III. Le cimetière du Poyet (de 1724 à 1863)

 

A compter de l’année 1721, les séances du Conseil de la ville d’Aubonne font mention de la volonté de créer un nouveau cimetière à proximité de la cité, hors les murs, à côté de la porte de Trévelin. Pour ce faire, une assemblée extraordinaire du Conseil d’Aubonne se tient le lundi 21 septembre 1721, dont les délibérations sont retranscrites ci-après. On notera au passage qu’il s’agit là d’un acte visant un échange de terrain entre la ville d’Aubonne et M. le chancelier Gros, de Berne, propriétaire du domaine de Trévelin, où se situait jusqu’alors l’ancien cimetière de la ville, où il était établi depuis le haut Moyen-âge.

Les extraits de séances ultérieures tenues par le Conseil pour cet objet (sources : Registres du Conseil, Archives communales d'Aubonne) mettent en évidence les différentes démarches consenties pour l’implantation de ce nouveau cimetière, en particulier le transport des pierres destinées à la construction de l’enceinte, ainsi que l’élévation d’un petit portail de pierre à côté du grand portail du nouveau cimetière.

Lundi 21 septembre 1721 - Séance extraordinaire du Conseil d’Aubonne

Note marginale 1 : Assemblée extraordinaire pour un nouveau cimetière

Séants Messieurs du Conseil & les Bourgeois cy après nommés, Monsieur le Lieutenant baillival y assistant, Monsieur le Banderet, Pampigny , Bégoz des Bons , Grivel, Gabriel Bégoz, Pierre Valier (secrétaire), et les Bourgeois Messieurs de Wurstenbergue (secrest.), Croutaz, Justicier Caillat, Isaac Despland, Curial Mayor, David Court, Eugène Favre, Imbert Mouty, Isaac Barbier, Isaac Charbonnier, Isaac Chavannaz, Estienne Mouty, François Court le jeune, Isaac Barat, Pierre Minet, Rodolphe Dearpe , Jean (Gne ?) Jaunin, Benedich Mayor, Gedeon Debrit, Imbert Chavannaz, Pierre Seillon, Estienne Cuzin, Imbert Prodhom, Abel Anselmet, Estienne Chometon, David Despland, Jean-Jacques Barbier, Gabriel Christin, Gedeon Mayor, Matthieu Jamnier ,, David Janin, Pierre Chavannaz, Claude Minet, Gedeon Delapierre, Aimé Favre, Gaspard Barbier, Estienne Minet & François Court.

Tous les susdits étant assemblés pour délibérer sur la proposition faitte samedy dernier. Il a esté délibéré à la pluralité de trente huict voix, contre huict ; qu’en cas que le Magnifique et très honoré Seigneur Chancelier Gros fasse remettre à la Ville une place d’une esgale contenance à celle du cimetière de Trévelin, qu’il la fasse fermer de murailles, & sans qu’il en coûte rien à la Ville par Lauds amortissement ny cense ; le public consent de remettre par contre en eschange, audit Seigneur Magnifique le susdit cimetière de Trévelin à la condition qu’iceluy ny les siens ne feront pas remuer la terre, mais qu’il en fera un verger ou promenade & qu’il ne destinera pas ce terrain à d’autres usages.

Item que la place qu’il remettra à la Ville conviendra au public & ne sera pas esloignée de la Ville.

Item que ledit Seigneur Maginifique fera transporter le portail de pierre dure du cimetière de Trévelin pour servir au nouveau cimetière, où il le fera poser.

Finalement, la Ville se réserve la guérite des gardes qu’il y a à Trévelin.

Note marginale 2 : Rapport, acte

M. Begoz des Bons a rapporté l’acte qui luy avoit esté confié samedy dernier.

 

Samedi 4 avril 1722 - Séance ordinaire du Conseil d’Aubonne

Note marginale 1 : Ord(onnance) pour le nouveau cimetière

Sur la proposition faitte par Monsieur le lieutenant Baillival, que Monseigneur le Chancelier (Gros du domaine de Trévelin) remettra à la Ville le bas de la pièce à Monsieur de Colombier (Crinsoz, alors propriétaire d’une partie importante du Poyet) , savoir dès le chemin de Trévelin iusques au front du jardin des Croisier, du costé du vent, & du costé de bize iusques à un noyer, avec le morcel (morceau) de record de Pierre Viret, ce terrain a esté accepté & comme il s’y trouve plus de terrain que la contenance du vieux cimetière, il reste ordonné que l’on fournira audit Seigneur Chancelier la quantité de cent cinquante chars de pierre, partie du surplus de la muraille du Tripot (quasiment en face, à côté du nouveau cimetière, au Nord de la porte de Trévelin), partie ailleurs dans la Ville, où il les fera prendre et voiturer, cela tant pour dédommagement de ce qu’il y a de contenance de plus de muraille, lauds et amortissements de ce surplus de terrain. Et il m’a été ordonné d’en stipuler les actes en présence de Messieurs les Banderet & Gouverneur, lors que s’en feray requis.

Samedi 11 avril 1722 - Séance ordinaire du Conseil d’Aubonne

Note marginale 1 : Ord(onnance) pierres et livrée Ville

Ordonné qu’en place des cent-cinquante chars de pierre qu’on devoit remettre à Monseigneur le Chancelier (Gros de Trévelin) suivant l’ordonnance du 4 avril et sur la difficulté que fait Maître Abraham Robert Masson de prendre lesdites pierres au haut de ville, on fera conte (compte) audit Maître de vingt escublancs, au cas qu’i fournisse lesdits 150 chars de pierre…

Samedi 25 avril 1722 - Séance ordinaire du Conseil d’Aubonne

Note marginale 1 : Ord(onnance) petit portail du cimetière

Ordonné que l’on donnera deux écublancs à Maître Robert Masson pour eslever un petit portail de pierre dure à costé du grand portail du nouveau cimetière, fournir les pierres et le rendre posé…

 

Durant la première moitié du XIXe siècle, le Conseil municipal se préoccupe du mur du cimetière, de la police du cimetière, ainsi que de l'assainissement d'une source du champs voisin du Sieur Crinsoz, au Nord de la parcelle.

 

Séance du 8 août 1840 - Cimetière

On décide le principe d’établissement d’un mur séparant le cimetière de la propriété Crinsoz. De là des soumissions écrites seront par avis demandées pour samedi.

Séance du 26 décembre 1840 – Police du cimetière

La Municipalité voulant mettre la police du cimetière de cette ville en harmonie avec la loi sur les inhumations du 26 mars 1834, un règlement antérieur émané de l’autorité supérieure sur cette matière par un règlement particulier à cette commune, qu’une commission spéciale élabore dans ce moment, dans le but de mettre à exécution le plutôt possible, a décidé de nommer pour entrer en fonctions au premier janvier prochain deux fossoyeurs et d’un prieur de cérémonie. Ces places annoncées devant être pourvues de jour l’ont été comme suit :

Louis Félix Bornand (fossoyeur)

Henri feu Henri Damond (fossoyeur)

Jean Bercher pour prieur, à la place d’une femme qui jusqu’à maintenant remplissait cette fonction.

Le règlement dont il vient d’être mention, renfermera les conditions et les charges imposées à chacun d’eux, dont il leur en sera donné connaissance aussitôt qu’il sera achevé.

Séance du 18 décembre 1841 - Cimetière coulisse à établir

Sur le rapport de la section des domaines, ensuite de divers pourparlers qui ont eu lieu avec M. Charles Crinsoz à l’égard de la coulisse à établir sur sa propriété au Ban du cimetière dans le but d’assainir celui-ci, la Municipalité décide qu’il lui sera concédé le droit soit la propriété du fil d’eau tel qu’il existe actuellement qui prend sa naissance dans les Fossés dessous de cette Commune pour aboutir à son puits, terrain que la commune d’Aubonne ne permettra pas sur son terrain de fossés ou des ouvrages de son chef ou de la part de tiers qui puissent intercepter l’eau dont jouit M. Crinsoz. La Municipalité s’engageant en outre de faire émonder annuellement les platanes des fossés qui longent la propriété Crinsoz. La sanction du Conseil communal est réservé à cette affaire une assemblée de celui-ci sera convoquée pour vendredi prochain. La section des finances étant chargée d’élaborer un préavis dans ce sens qui sera préalablement soumis à l’examen de ce corps. M. Crinsoz concédant à son tour la propriété de l’eau de la coulisse à créer.

Séance du 31 décembre 1841 – Cimetière arrangement avec Crinsoz pour l’assainissement

En dérogation à la Convention traitée entre la Commune et M. Charles Crinsoz et qui se lit sous date du 18 décembre courant page 75, soumise maintenant à la sanction du Conseil communal et de nouveau été convenu ce qui suit entre parties :

M. Charles Crinsoz accorde à la Commune la faculté de pouvoir établir dans le but d’assainir le cimetière une coulisse sur sa propriété de fossés dessous au Nord de celui-ci, moyennant que la Commune l’indemnise équitablement pour le dommage lequel lui soit concédé à bien plaire pour le temps où cette dernière ne l’utiliserait pas elle-même pour son compte propre le filet d’eau qui est actuellement conduit au puits existant dans le jardin dudit Crinsoz. Ainsi se trouverait administrativement terminé la demande soumise à ce sujet au Conseil communal. M. le Secrétaire étant chargé d’en donner connaissance au président de ce corps.

 

Aspect et surface du cimetière

 

Ce relevé a été fait le 2 octobre 1833 par M. François Cottier, arpenteur à Aubonne, à la demande de M. Bertholet, alors municipal de la ville. Il permet de connaître la surface et la distribution du cimetière de la ville, désaffecté dans la seconde moitié du XIX ème siècle.

Les mesures données pour le cimetière de cette époque sont les suivantes:

Joux (N):

Longueur

292 pouces

Lac (S) :

Longueur

229 ½ pouces

Bize (E) :

Largeur

159 pouces

Vent (O) :

Largeur

134 pouces

Le pouce (1/12 de pied) vaut alors de 2,4 à 3 cm; la toise du pays de Vaud (9 à 10 pieds) représente de 2,6 à 3 m.

soit une surface d'environ 3'500 m2. Il y avait, selon les commentaires de l’arpenteur, quelque chose de moins en levant cette même surface de manière géométrique.

L’entrée principale se trouvait au niveau de la rue de Trévelin conduisant à une allée perpendiculaire bordée d’arbres. A l’Est, le cimetière bordait la « terre de M. Crinsoz » ; il s’agissait sans nul doute du chemin d’accès au pré du Poyet qui existe toujours en 2002 (accès au quartier du "Vergers du Poyet* et à la propriété de M. Claude Liardet).

Certains éléments peuvent donner à penser qu’une fontaine se trouvait au NO du cimetière, dans la parcelle Falconnier ; une fosse sceptique existe d’ailleurs à cet endroit sans motif apparent, car non relié à une quelconque installation de l’immeuble construit en 1902 sur la parcelle. Par ailleurs, eu égard à son ancienneté, le mélèze de la parcelle Bartré (actuelle propriété Vallon) situé du côté de la rue de Trévelin pourrait déjà avoir été planté à cet endroit du temps du cimetière.